Pour apprendre le gascon en s’appuyant sur le français (1/3)
A un nhaute còp, monde ! Cronica realisada per Renat CAPDEVIELLE tà aigaberdenc@orange.fr
Beaucoup de personnes qui ne connaissent pas grand-chose au gascon (version bigourdane ici) nous demandent comment l’apprendre rapidement en partant du français. Très touchés par leur intérêt et leur désir profond de faire vivre cette langue et cette magnifique culture, nous allons essayer de leur exposer les quelques particularités de base du gascon avec bien sûr des exemples et des traductions que nous espérons ludiques (10 particularités : 5 dans deux chroniques et quelques précisions dans une troisième). Nous savons que chaque bigourdan ou gascon qui parle cette langue sera heureux et fier de les aider, notamment pour prononcer les traductions.
1°) Les énonciatifs : Devant presque chacune de ses phrases, le gascon place des énonciatifs. Ainsi, devant les phrases déclaratives, il place «que» (prononcé qué ) ̶˃ Que canta plan. (Il chante bien). Devant les phrases exclamatives, il place « Be » ou « ja » (Bé ya) ̶˃Be canta plan ! (Qu’il chante bien !) Devant les phrases interrogatives, il met souvent E (É) ̶˃ E canta plan ? (Chante-t-il bien ?) Mais, bien entendu, tout cela n’est pas systématique. (Un linguiste éminent a dit que les gascons quéquéyaient. C’est sûr, même si certains parfois font les kékés, presque tous emploient l’énonciatif « ké »).
Exemple et traduction : E lo coneishes, aqueth ? Òc, qu’ei eth petit Françoès. Que vò hèr president o ministre ! Be n’a popat lèit de sauma ! ̶˃ Tu le connais, celui-là ? Oui, c’est le petit François. Il veut faire président ou ministre. Qu’il en a tété du lait d’ânesse ! (Chacun donnera le sens qui lui convient à cette dernière phrase).
2°) Peu de « f » : Contrairement au languedocien, et comme les basques et les castillans, le gascon n’aime pas le « f ». Il préfère le « h » (certains l’aiment aussi écrit avec une autre graphie) mais toujours très aspiré, comme les anglais, en fait. Filia (latin) fille (français) filha (languedocien) hilha (gascon)
Exemple et traduction : Era hilha e era hemna deth haure holejan ena hauguèra dab eth hilh deth hustèr¹ qui d’ei² drin hart e hòrt hurgaire. ̶˃ La fille et la femme du forgeron folâtrent dans la fougère avec le fils du charpentier qui est un peu ivre et fort taquin. (¹ Et oui, hustèr veut dire charpentier : qui travaille la huste, le bois d’œuvre. Peut-être l’acteur Francis Huster a-t-il des ancêtres gascons ? ² Les lavedanais rajoutent souvent un « d » )
3°) Le « v » se prononce comme le « b » Parfois, entre deux voyelles, suivant les endroits, il peut se prononcer « w ». Que’s vantava drin. ( ké’s bantaba drínn ou ké’s bantawa drínn ) ̶˃ Il se vantait un peu.
Exemple et traduction : Savin que ví vin, que lo se bevó. Que l‘en sabó bon : eth vin que Savin ví e que Savin bevó qu’èra hèra bon (en G.F.F : Sabi ké bi bi, ké lou sé bébou. Ké l’énn sabou bou : ét bi ké Sabi bi é ké Sabi bébou kèra hèra bou.) ̶˃ Savin vit du vin, il le but. Bien lui en sut : le vin que Savin vit et que Savin but, très, très bon fut.
Autre phrase pour une parité totale : Sabina que ví bibina, non la se bevó. Que l’en sabó bon : era bibina que Sabina ví e que Sabina non bevó n’èra brica bona. ̶˃ Sabine vit de la bibine, elle ne la but pas. Bien lui en sut : la bibine que Sabine vit et que Sabine ne but pas n’était pas du tout bonne.
4°) Devant les mots qui commencent par « r », le gascon qui aime que ça roule ajoute « ar ». Le basque, lui, ajoute « er ». Ce sont des prosthèses vocaliques, et non des prostates métalliques. Ex : rivus (latin) un ru, un ruisseau (français) un rio (castillan) un riu (languedocien) un arriu (gascon) erreka (basque)
Exemple et traduction : Devath eths arrams e eths arromècs, eth arrei deths arrats arrois que s’arrossèga. Qu’arrona, qu’arroganha e qu’arromèra. ̶˃ Sous les rameaux et les ronces, le roi des rats rouges se traîne. Il grogne, il râle et ronchonne.
5°) Le « ch » français devient « c » ou « qu » en gascon. Chanter (français) chantar (limousin) cantar (gascon)
Exemple et traduction : Tot en cantant, Miquèu qu’ei anat cercar ath marcat, près deth castèth, un caulet macat, camparòus secats, castanhas tacadas e caussuras cautas.˃ Tout en chantant, Michel est allé chercher au marché, près du château, un chou mâché, des champignons séchés, des châtaignes tachées et des chaussures chaudes. (Je sais, cette phrase est idiote, mais il y a beaucoup de « ch » qui font « c » en gascon) (Que seguirà…)
Soyez le premier à commenter